Une Virée à Pasaia

26 mars 2023

Pasaia, en castillan Pasajes, est une commune du Guipúzcoa et port industriel de San Sebastián. La ville est située dans la baie qui communique avec la mer par un étroit passage. Ainsi, elle est protégée des assauts de l’Atlantique, très fréquents dans cette partie de la baie de Gascogne. De plus, elle est abritée par deux montagnes, Ulia et Jaizkibel. Pasaia est composée par quatre quartiers, dont les deux plus connus : Pasai Donibane et Pasai San Pedro. Le premier se trouve au pied de la montagne Jaizkibel, le second est à l’opposé, vers la sortie du port, sur les flancs du mont Ulia. 

Quartier Antxo 

Au XIXe siècle, le quartier Antxo était « posé » sur les marécages et était régulièrement inondé lors de marrées hautes. Le Duc de Mandas, le propriétaire du marais, a asséché les sols en utilisant des matériaux récupérés pendant la construction des tunnels du premier chemin de fer.  Ainsi, en 1865 on a vu apparaître les premiers moyens de transport et les terrains destinés à l’utilisation industrielle. Pasai Antxo est un quartier portuaire lié au trafic des marchandises et au transfert des personnes d’un bord à l’autre. Étant donné son développement fulgurant il est considéré aujourd’hui comme le quatrième quartier de Pasaia. Il communique avec son voisin Trintxerpe, le troisième quartier qui se situe à l’intérieur des terres, à l’ouest de San Pedro.

Pasajes, une carte postale animée

Les maisons à Pasajes, toutes colorées et pleines de charme, sont tournées vers la rivière Oyarzun. Des phares servent de points de repère pour les pêcheurs qui, depuis le Moyen Âge, ne cessent de naviguer. Les allers et les retours quotidiens des bateaux rajoutent de la poésie à cet endroit. L’atmosphère du petit village est paisible. De nombreux bars et restaurants accueillants invitent à s’installer en terrasse pour contempler la vie maritime des habitants.

Baleinier San Juan

Pour profiter de la beauté des paysages et du patrimoine naturel, je pars de Pasaia vers le mont Jaikizbel. Après avoir traversé la ville en longeant la baie, j’emprunte un large chemin qui part vers la droite. Il est relativement abrupt, traverse une petite pinède et dirige les randonneurs vers le feu d’alignement. À mi-chemin, la vue est magnifique et les couleurs changent en fonction de la lumière. Un arrêt s’impose pour prendre quelques photos et observer  le chantier Albaola.

L’activité principale du chantier Albaola est la construction d’embarcations historiques. Il est possible de visiter le musée, qui est dédié aux baleiniers du XVIe siècle, et assister aux ateliers de travail des artisans. Tous travaillent autour de l’assemblage d’un navire en s’inspirant d’un célèbre balainier San Juan, dont la réplique est exposée à cet endroit.

Autrefois, les baleiniers partaient pêcher jusqu’au Canada. En 1978, 400 ans après le naufrage du San Juan, l’équipe d’archéologues canadiens a découvert son épave à proximité de leurs côtes. Des fouilles sous-marines ont durées plusieurs années et les études menées sur le bateau ont permis de mieux connaître sa structure exacte. En 2013, la ville de San Sebastián a pris la décision, conjointement avec le gouvernement Canadien, de reconstruire le navire San Juan. Il est aujourd’hui le symbole du Patrimoine Culturel Subaquatique de l’UNESCO.

J’arrive sur les hauteurs où l’on se croit au bout du monde. La vue sur Punta de Pasai et l’embouchure, avec ses bateaux qui naviguent, est juste à mes pieds. Dans un silence hypnotisant je contemple la vue panoramique sur le Pays basque et ses intiéraires. Le contraste entre l’eau bleue turquoise, la pierre ocre et la végétation printanière est magique. Le chemin, en direction de Jaikizbel, m’amène très rapidement sur un flac rocheux qui interpelle. Il est curieusement formé et reflète une belle couleur orangée, qui s’intensifie dans la lumière du soleil. Il faut poursuivre les crêtes, travereser un passage délicat sur quelques mètres et rejoindre un étroit sentier qui se faufile dans la pinède.

Paramoudras, un ver à l’origine du phénomène 

Paramoudras est une formation rocheuse constituée du grès, parfois dur parfois plus fragile. Dans sa composition on trouve également du silex. L’érosion naturelle n’est pas à l’origine de ses formes. Paramoudras ont été formés autour des terriers de vers dans les fonds marins, il y a plus de 45 millions d’années. Au XIXe siècle, le célèbre paléontologue William Buckland a étudié les mêmes roches découvertes en Irlande. C’était le premier scientifique qui, en 1824, a étudié et décrit le fossile d’un dinosaure. Certains considèrent que les cylindres sont les empreintes d’anciennes circulations d’eau et de gaz. D’autres pensent qu’il s’agit probablement des restes d’organismes proches des éponges. Selon William Buckland, explication la plus probable est la présence d’un ver marin, qui creuse les formes absolument lunaires. Le ver est à l’heure actuelle inconnu, baptisé par les scientifiques Bathicnus paramoudrae.

Milieu fragile, ne pas perturber !

Les conditions climatiques du Pays Basque, humides et douces, sont particulièrement propices à la prolifération des fleurs et des plantes uniques. La flore présente sur les falaises côtières basques est protégée. On y trouve des espèces extrêmement rares en Europe, notamment des fougères tropi­cales et des plantes carnivores. La flore, particulière de cette région, n’existe pas dans d’autres zones géographiques. 

 

Centre historique de Lezo

Pour terminer cette belle randonnée, riche en découvertes naturelles, je propose de faire un détour par Lezo. C’est un charmant petit village maritime situé au bord d’Oiartzun. Il avoisine Pasaia et réserve pas moins de découvertes.

La vie de Lezo est organisée autour du Vieux Quartier. En sillonnant ses ruelles on découvre des édifices typiques du XVIe siècle, des maisons blasonnées comme Andreone, Jamot-Enea, Paskual-Enea et bien d’autres. On y trouve également l’Hôtel de Ville du XVIIIe siècle qui, autrefois, servait de prison, d’archives, d’infirmerie et encore de taverne.

Sur la place carrée se déploient de nombreux bars et restaurants très accueillants, ainsi que la Basilique gothique de Santo Cristo. À l’origine, c’était un simple ermitage. La Basilique se trouve sur le Chemin de Saint Jacques de Compostelle. Elle est connue pour sa représentation du Christ crucifié. C’est l’une des rares représentations au monde du Christ chauve et sans barbe. La légende raconte qu’il est apparu dans une arche sortant de la mer. 

Les personnalités qui ont marqué Pasaia

  • Paco Rabanne, un grand couturier et parfumeur franco-espagnol est est né à Pasaia le 18 février 1934.
  • Victor Hugo a vécu à Pasaia en 1843, lieu qui a inspiré son livre Alpes et Pyrénées où on peut lire : « Ce lieu inédit qui est un des plus beaux que j’ai vus et qu’aucun touriste ne visite, cet humble coin de terre et d’eau qui serait admiré s’il était en Suisse et célèbre s’il était en Italie, et qui est inconnu parce qu’il est en Guipúzcoa, ce petit éden rayonnant où j’arrivais par hasard, et sans savoir où j’étais, s’appelle en espagnol Pasaia et en français le Passage ».
  • Marquis de La Fayette, a embarqué en 1777 à Pasaia à bord de La Victoire pour son premier séjour en Amérique latine.
  • Blas de Lezo y Olavarrieta, un des plus grands stratèges de l’histoire de la marine royale espagnole est né à Pasaia le 3 février 1689.
  • Isidro Lángara, un grand gardien du football espagnol dans les années 1930, né à Pasaia-Antxo.
  • Mikel Astarloza, cycliste professionnel natif de San Pedro.

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