Le Pays basque est une référence en terme de fabrication artisanale des espadrilles. C’est une chaussure traditionnelle présente depuis des siècles dans chaque maison basque, bien que son origine soit toujours controversée.
Premiers pas de l’espadrille
Au Moyen Âge, on les appelait par leur nom catalan, espardenya. On dit qu’au début du XIIe siècle, les soldats du roi d’Aragon portaient déjà des espadrilles ! Traditionnellement élaborées à partir de jute ou de corde de chanvre, elles étaient utilisées par les fantassins du Roi d’Aragon. Il semblerait qu’à l’occasion de fouilles archéologiques on ait trouvé des sandales en semelle de corde qui dataient de 4000 ans. À partir de XVIIIe siècle, l’espadrille était fabriquée dans le Béarn et dans le Pays basque par les artisans du chanvre et du lin qui continuent d’équiper les soldats espagnols. Elle était fabriquée par des travailleuses espagnoles venues tout droit des montagnes aragonaises. Payées à la pièce, elles faisaient le travail à leur domicile : elles découpaient, elles piquaient et elles cousaient à la main.
Sandale pour tous
Comme la sandale a été confortable et résistante elle était portée par les ouvriers, les agriculteurs, les travailleurs des mines ou encore les bergers. La demande a été grandissante et pour y répondre on a décidé de fabriquer l’espadrille en usine. Les machines étaient de plus en plus perfectionnées ce qui permettait la fabrication toujours 100% française. En revanche, la main-d’œuvre locale a manqué rapidement. Les jeunes filles espagnoles continuaient à venir en masse de Navarre et d’Aragon pour ce travail saisonnier. On les appellait les « hirondelles”. Au XVIIIe siècle, l’espadrille a commencé à faire l’objet d’un véritable processus de commercialisation. Aujourd’hui sa fabrication se trouve à Mauléon, dans les Pyrénées-Atlantiques.
Plus que tendance
Dans les années 80, les espadrilles chinoises sont apparues sur le marché français . Pour faire face à cette nouvelle menace, les artisans ont dû vite trouver une solution. Les artisans maîtrisaient parfaitement leur travail et produisent des pièces de plus en plus originales et uniques. Ainsi, la sandale classique d’autrefois s’est améliorée. L’espadrille basque n’a plus rien de la sandale traditionnelle portée par les soldats espagnols ou les bergers basques. Aujourd’hui elle est confectionnée en cuir, en toile très colorée, imprimée, brodée ou encore ornée de paillettes, avec ou sans longs lacets noués autour de la cheville.
Des champs aux podiums
La chaussure traditionnelle est vite devenue à la mode et se portait de plus en plus souvent en ville. Le grand couturier Yves Saint Laurent a réinvente la mythique espadrille espagnole dans les années 1960, en lui ajoutant un talon. Le succès a été immédiat et la sandale des paysans basques est devenue un véritable accessoire de mode. Par la suite, l’espadrille a été reprise par les plus grandes maisons de haute couture et les enseignes de prêt-à-porter. Les célébrités de l’époque comme Pablo Picasso, Ernest Hemingway ou encore Salvador Dali s’affichaient avec leurs sandales en toile, devenues tendance.
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